Pilote: le garant de la sécurité des passagers

Publication : mercredi 9 décembre 2015 12:19

Si l'on excepte la contribution essentielle des frères Wright (USA), c'est en France qu'est né l'aéroplane et par conséquent l'aviateur, nom originel par lequel l'on désigne le pilote, qui de fait était en même temps mécanicien, ingénieur, concepteur et constructeur, etc.

De nos jours ceux des pilotes qui suscitent le plus l'admiration et l'enthousiasme des foules sont le pilote de chasse et le pilote de ligne, catégories à l'origine de tous les fantasmes et de toutes les légendes. Nous nous limiterons dans le cadre de cet article à présenter celui dont le métier est le plus en rapport avec les missions de l'Autorité Aéronautique : le pilote de ligne. Commandant de bord ou officier pilote, il est garant de la sécurité des passagers et des marchandises dans les airs. A ce titre, il doit pouvoir faire face à n'importe quel impondérable, qu'il soit météorologique, technique, voire humain. Ce métier exigeant requiert donc de nombreuses compétences et des qualités largement au dessus du commun des mortels. Mais les difficultés rencontrées sont compensées par le plaisir de voler et de voyager à travers le monde.

D'un point de vue strictement technique, son rôle est de préparer le dossier technique de vol (météo, navigation, données techniques de l'avion, quantité de carburant, etc.), et ensuite d'assurer la conduite de l'aéronef en veillant à l'aspect commercial de la compagnie et à la gestion de l'équipage. Ceci doit être fait en toute sécurité et en relation avec l'ensemble des services opérationnels, commerciaux et techniques.

Des qualités certaines

Ce métier exaltant requiert cependant des qualités certaines qui sont essentiellement : une pratique courante de l'anglais au minimum, toute autre langue internationalement parlée et utilisée pour l'apprentissage étant la bienvenue ; un esprit de décision et une maîtrise de soi au-dessus de la moyenne ; une rigueur dans son travail, dans son comportement et un sens élevé de discernement ; une ouverture d'esprit, un sens du relationnel, une bonne condition physique et une bonne résistance nerveuse, en raison des horaires décalés et du stress à gérer.

Pour prétendre à l'acquisition des compétences requises, le cursus idéal préalable est celui des élèves et étudiants ayant des prédispositions dans les disciplines scientifiques et techniques et des capacités psychomotrices avérées. L'équipement des avions modernes exige que de nos jours l'on ait aussi de bonnes connaissances de l'outil informatique. Les heureux élus qui auront bravé l'éprouvante sélection suivront, selon les cas, une formation modulaire passant par le pilote privé, le pilote professionnel associé aux qualifications de vol aux instruments et sur multimoteur, ou une formation intégrée qui comprendra un pilote de ligne théorique et une formation pratique au niveau du pilote professionnel, avec qualification de vol aux instruments et multimoteur, renforcée par une formation complémentaire sur le travail en équipage et une pré qualification sur avion performant. Les deux cursus mènent dans un premier temps à la licence de pilote professionnel, étape incontour-nable pour les postulants à la licence de pilote de ligne, le nirvana absolu.

Les organismes qui s'attèlent à la formation des pilotes et dont les plus connus sous nos latitudes sont situés en France (ENAC à Toulouse, ...) et aux Etats-Unis (Flight Safety, Embry Riddle, Spartan School of Aeronautics, etc...) s'imposent une tradi-tion de rigueur et de qualité sans faille. Ceci compte tenu non seulement de la sanction immédiate que feraient les transporteurs aériens dans le cas où le produit fini serait de qualité médiocre, mais en raison de la surveillance qu'exercent à leur endroit les autorités de tutelle qui leur délivrent en tout état de cause l'agrément nécessaire à leur fonctionnement. A cet effet, ils doivent disposer d'un manuel d'opération et de formation, de ressources financières importantes, présenter un organigramme comportant un responsable pédagogique, un chef instructeur vol et un chef instructeur sol. Ces responsables doivent justifier de leur expérience, ainsi que tous les instructeurs sol et vol de l'organisme.

Ce dernier doit également posséder des aéronefs école adéquats et en nombre suffisant, appropriés à la formation pratique. Il doit aussi se soumettre à des contraintes relatives aux aérodromes servant de bases principales ou bases secondaires et posséder des installations comportant au minimum une salle d'opération avec tous les moyens pour préparer et contrôler les vols, des salles de cours équipées, une bibliothèque technique ; etc. Il ne serait pas superflu à ce propos de faire un clin d'oeil d'encouragement à une jeune et dynamique équipe de promoteurs et professionnels de l'aviation civile qui ne ménagent actuellement aucun effort ni aucun sacrifice pour doter le Cameroun d'un centre de formation aéronautique à vocation internationale, aux standards européens JAR et camerounais (OACI) avec comme porte drapeau la formation de pilote de ligne d'avion.

Marcel René Doung

Pilote

Chef de service des Licences et des personnels aéronautiques CCAA